Entretien avec Damien Soissons : Imagera, pour une visite virtuelle des magasins

Créée il y a maintenant 3 ans par Damien Soissons et Maxence Martin, Imagera est une agence de photographies réunissant 1042 photographes professionnels. Rencontre avec l’un des co-fondateurs.

Pouvez-vous nous dire ce qu’Imagera a à apporter à un directeur de magasin ou de réseau de distribution ?

Grâce à notre réseau et une post production réalisée en interne, nous fournissons à nos clients des visuels de qualité, homogènes et qui correspondent à leur univers de marque. D’autre part, nous avons eu l’opportunité de rejoindre le programme Google Business photo en tant qu’agence agréée, ce qui nous permet de proposer des services de visite virtuelle en partenariat avec le géant américain. Quel que soit le sujet, notre ambition reste identique : industrialiser la production de contenu iconographique. Avec l’émergence du web-to-store, valoriser son réseau de distribution physique sur le web est désormais une problématique rencontrée par l’ensemble des commerçants. Vient alors la question : comment susciter chez l’internaute l’envie de se déplacer en boutique ? Nous pensons que l’image fait partie de la réponse à apporter à cette question et depuis une année, nous développons des offres qui rencontrent de plus en plus de succès à destination des commerçants et des chaines.

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?

Sur chaque projet, qu’il y ait un ou des centaines de reportages à réaliser, nous avons un chargé de production qui s’occupe de l’organisation des shootings. Il s’agit tout d’abord de réaliser un brief complet avec le client afin de déterminer ses attentes et d’y apporter notre expertise. Les prestations sont ensuite attribuées à nos photographes en fonction de leurs compétences sur une marketplace (développée en interne). Une fois les prises de vues réalisées, vient l’étape de la post production qui peut être assimilée au développement, et qui est tout d’abord dédiée à l’ajustement des couleurs et des lumières. Une fois traitée, les images sont transmises aux clients, prêtes à être intégrées sur ses différents supports (sites web, page Google Local…). Il faut en moyenne compter 5 jours entre la prise de commande et la livraison des images.

Et côté clients d’Imagera, vous notez une prise de conscience sur la nécessité d’offrir une meilleure visibilité web de son magasin ?

Oui évidemment, le phénomène web-to-store est dans tous les esprits, il demeure cependant chez certains clients un frein lié à l’organisation même de l’entreprise. En effet pendant les dernières années, le web a été considéré comme un concurrent du réseau de distribution classique et très souvent le responsable e-commerce est objectivé sur son volume de commande web uniquement. L’intérêt pour lui de chercher à créer une synergie avec les magasins physique n’est donc pas évident. Il est à noter que la réciproque est vraie. Rares sont les magasins physiques qui vous conseilleront d’aller passer votre commande sur le web…. Cela tend à évoluer, avec notamment la nomination de responsables de la distribution multi-canal qui ont comme objectif de créer les synergies nécessaires entre ces différents modes de distribution. On voit par exemple apparaitre chez certains de nos clients (Habitat) de la signalétique en magasin : le magasin reste ouvert après 19 heures sur Habitat.fr. D’autre part, ce client nous a demandé d’intégrer à Google Street View et à son Store Locator des visites virtuelles de ses magasins. La synergie est en route. (Exemple à Grenoble)

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Quel est le profil des clients qui vous sollicitent le plus ?

Nous avons la chance de travailler avec des clients venant de secteurs très différents et dont les problématiques sont diversifiées. De grandes marques de prêt-à-porter nous ont fait confiance comme Etam, Morgan, Guerlain… pour le lancement de points de vente. Des chaines moins connues comme Hase, magasins de poêles à bois, ont fait appel à nous pour mettre en valeur leurs showrooms. Très prochainement nous allons collaborer sur des projets photos pour une grande enseigne de cuisines.

Des secteurs sont-ils plus sensibles que d’autres ?

Oui il convient de distinguer commerce de chalandise et commerce de destination. Ces derniers justifient le déplacement par une offre produit différente, il est donc particulièrement important de rassurer l’internaute, et le convaincre de se déplacer sur une zone. Par exemple, si vous cherchez un spécialiste des Cocktails vous serez ravi de pouvoir, avant de traverser Paris, vous rassurer sur l’offre qui sera disponible en boutique : Exemple.

A l’inverse, y-a-t-il des secteurs pour lesquels vos services fonctionnent particulièrement ? Lesquels ?

Le choix d’une société comme la nôtre est plus souvent guidé par le projet photo en lui-même que par le secteur d’activité. Pour vous donner quelques exemples, nous avons travaillé avec des marques dans une phase de reconstruction et qui souhaitaient retravailler leur image globale. D’autres enseignes avec un processus d’achat impliquant des visuels produits de qualité et une mise en scène autour pour déclencher une visite en magasin comme par exemple la vente d’une cuisine. Notre expertise est particulièrement appréciée sur ces problématiques de web-to-store. Nous adaptons nos propositions et notre travail à l’univers de la marque permettant ainsi de proposer des prestations sur mesure.

Cela a-t-il un effet sur la génération de trafic dans le point de vente ? Sur l’image ?

La question de l’impact sur le trafic en magasin de toute stratégie web-to-store est pertinente évidemment, mais également quasiment impossible à mesurer. Pour ce qui est de l’impact des images, je vous invite à comparer le retail au secteur de l’hôtellerie, pensez-vous que de belles photographies impactent le taux de transformation d’un établissement hôtelier sur Internet ? La réponse est évidemment oui, alors pourquoi en serait-il autrement pour un restaurant ou pour un magasin ? Nous avons pu mesurer les impacts chez l’un de nos clients, une agence de voyage en ligne leader dans son domaine, qui a planifié des séances photos, réalisées par notre réseau dans plus de 200 de ses hôtels partenaires. Ceux-ci ont vu leurs réservations augmenter de 25% par rapport aux autres hôtels du réseau.

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Les photos d’Imagera sont visibles via l’application Google Street View.

Quels sont les types de prestations qui marchent le mieux ?

Nous faisons beaucoup de reportages pour des animations commerciales comme des soirées d’inauguration ainsi que des prises de vue des magasins destinées à la communication externe et interne. L’offre de visite virtuelle se développe rapidement et nous le proposons systématiquement à nos clients. Les enseignes qui nous contactent ont un nouveau service à mettre en avant, un nouveau merchandising, une nouvelle offre ou encore sont à la recherche d’un renouveau de leur image et recherchent des visuels qualitatifs pour appuyer l’impact de leur communication.

Envisagez-vous de mettre en place des services web-to-store pour les mobile shoppers ?

La place du mobile est primordiale dans une stratégie web-to-store. La géolocalisation est de plus en plus utilisée par les mobinautes, et Google, dans ces récentes publications, précise que la place des résultats locaux va être de plus en plus importante. La qualité de l’image affichée par les smartphones  permet un rendu d’aussi bonne qualité que sur un écran d’ordinateur. Nous sommes en train de réfléchir à un projet d’application mobile pour 2014 à destination des responsables de boutique permettant de garantir que les photographies présentées sur le store Locator sont toujours à jour.

Comment voyez-vous l’évolution de votre métier ?

Les entreprises ont pris conscience de l’impact des visuels sur Internet. Nous sentons que depuis plusieurs mois cet aspect, qui avait pu être quelque peu négligé, revient dans les priorités. Les enseignes recommencent à investir dans ce type de prestations notamment depuis que les termes de web-to-store, ROPO, ROBO… font partie des discussions récurrentes de spécialistes du monde du retail. Nous pensons qu’une bonne communication passe par des visuels de qualité et que les responsables de la communication sont dans une optique favorable au développement de leurs sources d’images. Nous sommes en train de déployer notre modèle en Europe et dans le monde car selon nous, le marché ne se limite pas à la France. Le besoin de contenu de qualité est un des enjeux du web et nous comptons être présents pour offrir nos services au plus grand nombre.

Et après ? Quelles autres tendances sentez-vous venir ? Le live ? La boutique totalement virtuelle ? Autre chose ?

Nous ne croyons pas à la boutique 100% virtuelle, nous  pensons que le client sera de plus en plus sensible au service, avec une quête de relations humaines locales. C’est une réelle opportunité pour les réseaux de distribution physique. Les moteurs de recherches font et feront de plus en plus de place aux commerçants de proximité, au dépend parfois des pure player web, c’est donc une chance pour les marques qui arriverons à valoriser leur réseau local de distribution et qui seront en mesure de mettre en place des services et une réelle personnalisation de la relation clients.

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Damien Soissons, co-fondateur d’Imagera.

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