Entretien avec Gauthier Nadaud (Smiirl)

Dans un précédent article, nous vous parlions de Fliike, le 1er compteur physique de « Facebook likes » créé par la start-up Smiirl. Nous vous présentons aujourd’hui l’un des fondateurs de ce concept innovant, Gauthier Nadaud ! Entretien.

Gauthier, vous êtes l’un des paps de Fliike. Comment est-ce né ? Pourquoi vouloir mettre du « physique » dans Facebook ?

Le Fliike est né de l’époque pendant laquelle je travaillais en agence de comm/pub. Nous avions très régulièrement des briefs de grandes marques qui souhaitaient créer tel ou tel jeu Facebook éphémère pour gagner quelques fans. Ce qui m’a toujours étonné, c’est que la plupart de ces marques étaient présentes physiquement au travers de leurs magasins et qu’elles ne voient pas que le meilleur moment pour convaincre un client de rejoindre une communauté digitale, c’est bien sur le lieu de vente, au moment où le client est satisfait de son expérience avec la marque en question.

Après avoir extrapolé un peu, nous avons décidé de nous intéresser aux petits commerçants qui sont présents sur ces réseaux mais ne maîtrisent pas entièrement ces outils et surtout ne voient pas toujours les retours sur investissement (en argent mais bien plus souvent en temps). Nous pensons qu’il y a un réel marché des objets connectés pour le retail.

Capture d’écran 2014-02-27 à 5.21.13 PM

Pouvez-vous nous dire quel intérêt a un commerçant à installer cet objet dans sa boutique ? Très concrètement, qu’est-ce que cela va lui apporter ?

Nous voyons dans cet objet deux usages : l’un qui est plutôt axé sur la fidélisation et l’élargissement d’une clientèle. Le Fliike est donc plutôt installé dans le magasin et il permet d’engager la conversation avec ses clients autour de la présence sur Facebook du magasin et donc de convertir ces clients satisfaits en fans Facebook (j’utilise le terme barbare de « drive to social »).

L’autre usage est plutôt sur le phénomène de « drive to store », on place le Fliike en vitrine pour ramener la preuve sociale (digitale) liée à une communauté de fans pour montrer la popularité du magasin en question. C’est un peu le parallèle de la terrasse vide et la terrasse pleine.

Lorsque la plupart des commerces cherchent à développer leur visibilité sur Internet, vous, vous choisissez de rendre visible la communauté web in store ?

Oui, parce que l’un ne marchera pas sans l’autre et si le web a modélisé certaines interactions, il en a créé d’autres qui peuvent alimenter des politiques ou initiatives de communication. Quand on y pense, le like Facebook est un phénomène qui est né sur le web et qui y reste alors que c’est un véritable changement dans la façon de recommander un produit ou un lieu. Si on compare notre produit aux étiquettes du Routard, d’un côté vous avez une petite « élite » qui décide si tel ou tel restaurant est bon/bien/agréable mais Internet a permis à tout un chacun de s’exprimer sur la même question, c’est une véritable avancée (même si il y a évidemment des limites…) et il serait dommage que cela reste quelque chose de complètement immatériel.

Avez-vous remarqué que la présence d’un Fliike générait davantage de fans sur les pages Facebook des commerces concernés ? Dans quelles mesures ?

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Nous sommes en train d’expédier nos premiers objets donc il est un peu tôt pour avoir les stats. Ce que l’on sait pour l’avoir testé à maintes reprises c’est que oui, ça génère des fans, les clients qui passent sont sensibles au fait de voir leur action matérialisée en direct, c’est normal, c’est pas quand on est rentré chez soi après une bonne soirée au restaurant qu’on va aller chercher la page Facebook puis la liker ! On a vraiment hâte que nos clients s’approprient cet objet et développent de nouvelles dynamiques. On voit déjà autour de nous des offres types (-10% si vous aimez notre page Facebook) et je suis certain que notre objet sera prétexte à beaucoup plus d’offres de ce type.

Plus globalement, quels sont les enjeux liés à l’utilisation de Facebook pour les retailers ? Est-ce un outil de communication incontournable pour les commerçants en 2014 ?

Bien évidemment, quand on voit certains concept stores ou certains restaurants qui sont devenus hype grâce à une maîtrise parfaite des réseaux sociaux. Certains restaurants postent tous les jours à 11h45 une photo de leur plat du jour sur Instagram, les bars créent des événements sur Facebook relayés par les groupes de musique qui y jouent, quel meilleur outil existe-t-il pour être aussi proche de ses clients, les informer au jour le jour ? Comme dit plus tôt, les limites existent et ce type de communication n’est pas valable pour tous et pour tous les secteurs mais quand on regarde la typologie de nos premiers clients, c’est assez incroyable : bars, restaurants mais aussi spas, cabinets dentaires, vendeur de tracteurs…

L’enjeu principal est, selon moi, de réussir à uniformiser le discours et le ton afin d’éviter une sorte de schizophrénie vis-à-vis de l’extérieur et de créer une véritable identité (il est par exemple très bizarre pour un client d’être tutoyé un jour puis vouvoyé le lendemain…).

Comment voyez-vous l’évolution de votre concept ? Que peut-on attendre de vos prochains produits ?

Nous avons encore énormément de travail sur le Fliike et ses déclinaisons, de nombreuses marques nous ont contactés pour des versions un peu custom, on nous demande tous les jours une version à 6 chiffres (pour l’instant le Fliike ne va que jusqu’à 99 999 fans) et une version pour Twitter.

Nous avons surtout hâte de travailler sur d’autres objets, d’autres services et d’autres interactions digitales à (r)amener dans le monde physique mais pour l’instant, notre focus c’est d’avancer plus vite, lever des fonds, prendre les retours de nos premiers 500 clients répartis dans plus de 25 pays…

 

Merci Gauthier !

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